Favoriser une énergie vertueuse et abordable financièrement : l’exemple du réseau de chaleur de Montargis

Un réseau de chaleur créé dans le cadre d’une délégation de service publique délibérée en février 1965, qui s’est verdit au fil du temps pour desservir, en 2022, 2 250 logements et des services publics, sur 8,6 kms de réseau pour alimenter 43 points de livraison (sous- stations d’échanges thermique).

Benoit DIGEON, Maire de Montargis

Pouvez-vous nous présenter le réseau de chaleur de Montargis en quelques mots ? En quoi est-il exemplaire sur le plan environnemental notamment ?

Le réseau de chaleur est assez ancien, mais il a beaucoup évolué depuis sa création, en termes de mix énergétique. Avant 2007, la chaufferie fonctionnait au fuel et au gaz. Puis nous avons diversifié nos sources d’énergies. Entre 2007 et 2021, l’énergie de la chaufferie provenait à 60% de la biomasse (matière organique source d’énergie comme du bois par exemple) et à 40% du gaz. Cela a occasionné 30% d’économies sur la facture des clients.

Nous avons également raccordé une usine d’incinération pour diminuer notre dépendance au gaz. Depuis fin 2021, l’énergie issue de la chaufferie est à 90% renouvelable : issue de la biomasse (30%) et de l’Unité de valorisation énergétique des déchets (UVED) de l’incinérateur d’Amilly (60%), le reste étant constitué de gaz.

L’alimentation de 90% par des ENR va nous permettre de maintenir la TVA à 5,5% dans les années à venir.

Nous avons initié ce projet bien avant la crise énergétique actuelle, mais nous avions déjà conscience qu’il fallait privilégier les énergies renouvelables et locales. Nous sommes fiers d’offrir offrir aux habitants un réseau plus vertueux et abordable financièrement.

Comment avez-vous travaillé sur ces objectifs ambitieux ?

Le résultat que nous avons aujourd’hui est le fruit d’un travail de long terme. Il faut mener des études de faisabilité en amont pendant plusieurs années, sur les plans techniques et juridiques. Il a également fallu rallonger la délégation de service public pour permettre le financement de nouveaux investissements par notre délégataire. Nous avons travaillé tout le long avec un assistant à maitrise d’ouvrage et avec notre délégataire.

Nous avons aujourd’hui de nombreux utilisateurs : des piscines., la maison de retraites, des immeubles résidentiels, une maison associative.  Mais nous entrons dans une nouvelle phase ambitieuse de déploiement dans l’autre secteur de la ville, pour raccorder une caserne, la zone près du port avec 200 appartements qui vont être construits et enfin, l’opération cœur de ville à Montargis soit 70 immeubles. A terme nous couvrirons les besoins de 5000 usagers individuels et de nombreux services publics.

Nous prévoyons également de lancer un réseau de froid.

Que vous apporte le recours à une entreprise spécialisée via une délégation de service public ?

La modèle de la DSP est très adapté à une ville de 15 000 habitants comme la nôtre. Nous n’avons pas assez de compétences techniques, juridiques et financières – c’est Dalkia qui nous a aidé à demander les subventions de l’ADEME via le fonds chaleur.

C’est un choix délibéré et assumé de recourir à des entreprises spécialisées expertes dans leur domaine. Cela nous permet d’avoir le meilleur rapport-qualité prix pour notre service. Notre délégataire a également investi massivement dans notre infrastructure, à hauteur de 6 millions d’euros l’an dernier par exemple.

Quelles retombées pour le territoire ?

Pour les usagers, les prix sont stables, hormis la fluctuation légère de la plaquette de bois, ce qui est sans commune mesure avec ce qui se passe avec le prix du gaz actuellement.

Le bois utilisé pour alimenter le réseau fait fonctionner l’économie locale puisqu’il provient des forêts à moins de 80km.

J’engage toutes les collectivités de taille similaire à se lancer dans un projet ambitieux en matière de chaleur durable. Bien accompagné par des entreprises expertes en la matière, on obtient des résultats formidables.

Guillaume COUPEAU, Président de Montargis Energies, Directeur des Relations Externes chez Dalkia Centre Ouest

« Un bon développement de réseau de chaleur se fait dans le cadre d’une ambition politique forte. A Montargis nous avons une collectivité engagée et dynamique. Nous avons ainsi un travail collaboratif fructueux avec la collectivité, qui est parmi les plus réactives de notre réseau.

Pour fixer les ambitions du réseau, nous avons travaillé conjointement avec les équipes, puis nous avons fait des propositions de développement du réseau qui nous semblaient ambitieuses mais réalistes. Nous avons aujourd’hui un réseau extrêmement vertueux avec 90% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, et qui alimente 5 000 usagers sur une collectivité qui en compte 15 000. Nous avons des réunions périodiques avec les services durant lesquelles nous travaillons sur le fonctionnement du réseau mais aussi les prévisions de fonctionnement et de développement du réseau. Nous nous tenons informés des travaux de la ville pour synchroniser les travaux du réseau sur ceux prévus au niveau de la voirie ou des canalisations d’eau ou assainissement. C’est un dialogue permanent.

Un tel projet apporte un réel bénéfice aux usagers ; le coût de chaleur, avec la biomasse puis l’incinération est sans commune mesure avec ce qu’il aurait été avec une alimentation gaz, surtout dans le contexte de crise énergétique actuelle. La chaleur produite uniquement au gaz serait actuellement à 250 euros TTC le MWh heure contre 94 euros TTC/Mwh actuellement.

Par ailleurs, le réseau est ancré territorialement : il emploie des collaborateurs locaux (3 emplois, 1 apprenti) et fait travailler des sociétés locales pour les travaux d’extension. Les travaux du raccordement de l’unité d’incinération ont également permis d’inclure des clauses d’insertion sociales dans nos contrats avec nos sous-traitants.

Si on devait identifier un axe de travail commun à approfondir, ce serait surement le volet de communication et pédagogie auprès des usagers. Nous avons fait un bon travail, les résultats sont la mais les usagers et citoyens ne sont pas toujours conscients de l’opportunité que constitue un tel équipement pour un territoire.

Les réseaux de chaleur sont des équipements vertueux qui contribuent à la décarbonation des territoires. A la clé, la valorisation d’une ressource énergétique locale, une baisse d’émission de gaz à effet de serre, une baisse du prix moyen de la chaleur pour tous les abonnés du réseau de chaleur et une action durable pour l’environnement !

Les pouvoirs publics doivent les soutenir ; le plan de développement national prévoit de doubler l’alimentation des réseaux en énergies renouvelables et de récupération, de 20 TWh a 40 TWh d’ici 2030 , par la création de 1 400 réseaux de chaleur et 260 projets de développement et l’abondement du fonds chaleur est indispensable pour atteindre ces objectifs ».

Actualités

Publications

Commande publique durable : quels enjeux pour les SPICs?

Comment faire des services publics locaux des leviers pour la transition écologique et l’inclusion sociale dans les territoires ? Comment mieux leur permettre de contribuer aux ambitions sociétales du territoire ? C'est le thème de cette réflexion commune lancée par l'UNSPIC et Villes de France.

Restons connectés ! Abonnez-vous à la newsletter de l’UNSPIC

Suivez-nous sur