Centres aquatiques. Des équipements aquatiques en quête de nouvelles recettes

Entretien avec Gilles SERGENT, Président, Récréa …

Entretien avec Gilles SERGENT, Président, Récréa

Deuxième activité sportive et de loisirs la plus pratiquée par les Français, la natation concerne chaque année environ 13 millions de personnes, soit un quart de la population âgée de plus quinze ans. Quels sont les enjeux liés à la gestion des piscines pour les collectivités locales ?

L’exploitation d’une piscine publique fait partie des missions de service public. L’offre quantitative de piscines en France est satisfaisante mais parfois mal répartie, puisqu’elle n’a pas forcément suivi l’évolution démographique du pays. Certaines zones se sont par exemple densifiées et ne bénéficient pas d’une offre satisfaisante.

Par contre, plus de la moitié des équipements aquatiques (dont ceux issus du « programme des 1000 piscines ») sont nés dans les années 1970. Ce sont des équipements vieillissants qui nécessiteraient un investissement important pour les rénover et moderniser.

Par ailleurs, les piscines présentent des coûts d’exploitation élevés, liés notamment aux consommations de fluides et des énergies, aux frais de personnel et, d’autre part, de recettes qui sont modérées par l’exercice de missions de service public, comme l’accueil des scolaires et des associations mais aussi par la nécessité d’instaurer une tarification attractive. Tous les équipements sont structurellement déséquilibrés.

Toutefois, de nouveaux usages sont apparus, davantage liés à la santé ou à la détente. Les équipements doivent évoluer pour répondre davantage cette diversité des usages (bassins extérieurs « nordiques », bassins pour les « aquasports », espaces détente type saunas, hammams…). Cette diversification des usages a permis d’augmenter le potentiel des recettes, ce qui en fait l’enjeu N°1 aujourd’hui.

Ainsi,  les enjeux de performance des piscines concernent l’optimisation de leur fonctionnement, la réduction des coûts d’exploitation mais surtout la production de nouvelles recettes à travers une offre commerciale attractive pour cibler de nouveaux usagers de 7 mois à plus de 77 ans…

Quels sont aujourd’hui les leviers disponibles pour agir dans ces différents domaines ?

Tout d’abord, il y a la question de la performance énergétique. Les piscines font partie des équipements sportifs les plus énergivores qui pèsent lourd sur la facture énergétique des collectivités. Elles offrent, de fait, un potentiel d’économies d’énergie non négligeable.  En tant que professionnels, nous pouvons contribuer à aider les collectivités à réduire ce coût.  Aujourd’hui, on voit se développer les contrats de performance globale dans notre secteur : les collectivités nous confient les travaux et l’exploitation de l’équipement. Ce sont des contrats plus longs  (25-30 ans) dans lesquels nos performances peuvent être jugées globalement sur l’ensemble du fonctionnement (construction, maintenance et exploitation).

Un autre levier important de la performance des équipements aquatiques réside dans la création d’une offre commerciale adaptée  pour attirer de nouveaux usagers. Il s’agit de répondre aux nouvelles attentes tout en développant les recettes du service à travers nouvelle offre, et de diminuer ainsi le déficit structurel de ces équipements. C’est pourquoi nous pensons que les projets globaux ne sont pertinents que s’ils intègrent l’exploitation commerciale et les recettes.

Les opérateurs professionnels ont un avantage comparatif non négligeable sur le développement de cette offre commerciale et sur le levier « création de nouvelles recettes ». C’est un vrai métier que les collectivités ne maîtrisent pas. Les conflits d’usage et la concurrence entre ces catégories d’usagers sont aujourd’hui fréquents.  Nous avons l’habitude de faire cohabiter les divers usages au sein d’un même équipement et disposons d’une vision moderne des équipements en phase avec les besoins des usagers.

Dans les éléments de notre offre aux collectivités, ces dernières sont d’ailleurs particulièrement attentives au projet d’exploitation, qui conditionne le montant de subvention qu’elles vont devoir attribuer pour l’équipement, mais aussi au mécanisme d’intéressement en cas de bénéfices liés aux bonnes performances.

Gestion publique, gestion privée : comment les collectivités peuvent-elles faire le bon choix pour leur piscine ?

Pendant longtemps, la question du mode de gestion s’est très peu posée, la régie publique était la norme. 85% des bassins aquatiques français sont ainsi gérés en gestion directe mais depuis dix ans, plus de 50% des nouveaux équipements font l’objet d’une délégation de service public au secteur privé.

Plus l’équipement est sophistiqué et adapté aux divers usages, plus on observe que les collectivités ont recours à un opérateur auquel elles fixent des indicateurs de performance, par exemple sur l’amplitude des horaires d’ouverture, le niveau de prestation assurée, le nombre de cours assurés, etc… Ces nombreux indicateurs de performance qui nous sont fixés par la collectivité sont autant de garanties de la qualité du service fourni.

Mais je suis aussi convaincu que la délégation de service public, qui n’est en aucun cas une gestion privée, permet à la collectivité de maîtriser parfaitement ce qui se passe dans son équipement.

Dans le domaine des piscines, je dirai que la connaissance du coût net réel constitue un enjeu majeur. La connaissance des coûts d’exploitation et la maîtrise des recettes doivent être au cœur de la réflexion des collectivités. De nombreux équipements ne parviennent pas évaluer leurs coûts complets.

Un compte d’exploitation détaillé est la base de départ sur laquelle doit reposer toute recherche de performance en affectant toutes les charges (Assurance, communication, renouvellement, frais administratifs …). Ensuite il est possible de faire le choix du mode de gestion le plus approprié.

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