Christophe DUPRAT, Vice-Président de Bordeaux Métropole en charge des transports et du stationnement

« Le système de la délégation de service public est, pour des réseaux de transports importants comme celui de Bordeaux, la meilleure des solutions. Travailler avec un grand groupe, qui met à notre disposition des retours d’expériences dans des réseaux similaires en France ou à l’étranger, permet à tous, élus et techniciens, de de disposer de benchmarks et de s’assurer que les performances du service public sont optimisées »

Quels sont les enjeux du réseau de transport de Bordeaux Métropole, l’un des plus importants de France ?

Nous avons à Bordeaux un enjeu fort lié à l’augmentation de la population due à l’attractivité de notre métropole. Notre réseau connait, depuis quelques années la plus forte progression de fréquentation de tous les réseaux français. Cette année, ce taux sera de 10%, il était de 6% l’an dernier et 5% l’année précédente, soit 21 % sur trois ans.

Nous avons pour objectif d’augmenter la part modale des transports en commun qui passera de 12% aujourd’hui à 15% d’ici 2030. L’enjeu est de proposer une offre de transport en commun et renforcer l’attractivité du réseau pour les habitants des zones périurbaines et périphériques, qui utilisent leurs véhicules personnels pour se rendre dans le centre-ville où se trouvent les emplois et les services. Il faut donc aussi améliorer la multimodalité en faisant en sorte que les communes périphériques à la métropole puissent se connecter aux terminus du tram via les lignes interurbaines.

Notre réseau de tram, déjà très important, est encore en extension. Il atteindra près de 90km en 2021, soit le réseau le plus important de France – si on exclut la région parisienne-  et l’un des plus importants de France. Le tramway représente environ 65% du traffic de voyageurs à Bordeaux, le reste étant assuré par le bus.

En parallèle, nous passerons d’un taux de couverture moyen des dépenses par les recettes de 29% au début de la délégation de service public à 36% cette année, soit une contribution plus importante des usagers au coût d’exploitation du réseau.

Quels sont les avantages du recours à un opérateur professionnel privé  pour répondre à ces enjeux ?

L’expertise de notre opérateur Keolis, l’un des leaders mondiaux du transport de voyageurs, est un avantage indiscutable pour le développement et la gestion quotidienne de notre réseau de transports qui croît de manière importante.

Recourir à un grand groupe qui se développe sur les marchés mondiaux, c’est bénéficier de toutes les innovations et expériences qu’il peut développer ailleurs. A Bordeaux nous avons ainsi pu, grâce au savoir-faire de notre opérateur, réaliser plusieurs opérations qui sont des premières françaises.

Par exemple nous avons mis en place avec succès un système de terminus partiels. Les voies du tramway ont été aménagées pour que les rames puissent faire demi-tour à des endroits stratégiques et ainsi, augmenter la cadence dans les cœurs de ligne. Résultat : aux heures de pointe, au lieu d’une rame toutes les cinq minutes, on est passé à une rame toutes les 3 minutes 40. Notre opérateur nous a également proposé de mener une campagne sensibilisation sur les risques d’accident entre les piétons et le tramway sur le modèle d’une campagne testée avec succès dans la ville de Melbourne.

Keolis nous apporte également son savoir-faire en termes de gestion des ressources humaines. Avec plus de 2500 salariés, c’est aujourd’hui le premier employeur privé de la ville de Bordeaux.

Une autre force du recours à un opérateur privé réside dans son expertise en termes de marketing et politique commerciale. Keolis a développé une connaissance fine de l’usager des transports publics et de ses besoins ;  il existe dans l’entreprise un vrai savoir-faire dans la mise en place une politique commerciale efficace de conquêtes et fidélisation des usagers.

Enfin, une des forces du réseau de Bordeaux réside, je pense, dans la mise en place d’un contrat intégré avec un opérateur expert de la multimodalité. Notre opérateur exploite aujourd’hui les services de bus et de tramway, le système de vélo en libre-service, les navettes fluviales et le transport pour les personnes à mobilité réduite. Cela permet d’avoir une meilleure synergie des divers modes de transports et de permettre une plus grande lisibilité pour l’usager.

Pour toutes ces raisons, le système de la délégation de service public est sans doute, pour des réseaux de transports importants comme celui de Bordeaux, la meilleure des solutions. Travailler avec un grand groupe, qui met à notre disposition des retours d’expériences dans des réseaux similaires en France ou à l’étranger, permet à tous, élus et techniciens, de de disposer de benchmarks et de s’assurer que les performances du service public sont optimisées.  C’est une ouverture importante et un enrichissement permanent.

Comment concevez-vous le rôle d’autorité organisatrice de  Bordeaux Métropole et quelles sont les conditions d’un partenariat gagnant-gagnant avec l’opérateur privé ?

Dans ce domaine, j’aime rappeler que « la confiance n’exclut pas le contrôle ».

Nous avons confiance entre notre délégataire, ce qui n’empêche pas de le contrôler et de suivre son travail tout au long de l’année, dans le cadre prévu par la loi : présentation des rapports du délégant et du délégataire en assemblée délibérante, mise en place d’un comité de coordination entre les équipes de Bordeaux Métropole et notre opérateur. Nous associons deux fois par an les communes  des réunions sectorielles pour faire le point sur la situation des lignes.

Ce contrôle vise également  à évaluer la situation par rapport aux objectifs définis dans le contrat. Il existe un système de bonus-malus pour l’opérateur, selon s’ils sont respectés ou non.

La collectivité conserve son rôle politique de maîtrise de la définition du service (définition des lignes, des investissements…) et le contrôle de la politique tarifaire. Une fois par an nous organisons une réunion avec les usagers.

Nous sommes dans un véritable partenariat avec notre délégataire. Il nous accompagne et nous conseille tout au long des projets politiques que nous souhaitons mener. Certes, nous avons parfois des débats quand il s’agit d’apporter des avenants au contrat mais notre rôle, en tant qu’élus, est de s’assurer que nous proposons toujours le meilleur rapport qualité prix pour nos usagers.

Au final, la délégation de services publics pour le réseau de transports de Bordeaux est une réussite : c’est un projet ambitieux, porté par une collectivité qui déploie des moyens pour faire de ce réseau un levier d’attractivité et de vitalité économique du territoire, et exploité par un opérateur professionnel qui garantit la performance du service.

Thierry Landais, Directeur des Métropoles, Engie Réseaux

L’INTELLIGENCE COLLECTIVE AU SERVICE DU RÉSEAU DE CHALEUR DE NANTES

« Le réseau de chaleur de Nantes est  l’un des plus importants en fonctionnement sur le territoire français. Cette réalisation n’aurait pu se faire sans un dialogue et une co-construction à la fois technique, technologique mais aussi sociétale et environnementale »

Quelles étaient les attentes et problématiques rencontrées par votre client Nantes Métropole ?

Nantes Métropole a choisi de s’engager dans la transition énergétique depuis de nombreuses années en poursuivant une politique ambitieuse de développement de réseaux de chaleur. En effet, ce mode d’alimentation en chauffage et en eau chaude sanitaire apporte une réponse aux différents enjeux de l’énergie en permettant un accès à une chaleur renouvelable et à tarif maîtrisé au plus grand nombre d’usagers. En 2012, Nantes Métropole a confié les travaux d’extension du réseau de chaleur Centre Loire et la construction de 2 chaufferies bois à ERENA, filiale d’ENGIE Réseaux. Long de 85 km et d’une puissance installée de 208 MW, le réseau Centre Loire dessert en chauffage et en eau chaude 16.000 logements dont 8 000 logements sociaux et de très nombreux équipements publics. Doté d’une mixité énergétique favorisant à  84% les énergies renouvelables, il permet ainsi d’éviter le rejet de 35 000 tonnes CO2.

Que pouvez-vous nous dire sur le dialogue et de la co-construction du service entre partenaires mis en place sur le contrat d’extension du réseau de chaleur Centre Loire de Nantes ?

Ce réseau de chaleur est  l’un des plus importants en fonctionnement sur le territoire français et nous avions une ambition commune de réussir ce projet d’envergure indispensable pour les générations actuelles et futures.

Cette réalisation n’aurait pu se faire sans ce dialogue et cette co-construction à la fois technique, technologique mais aussi sociétale et environnementale. Nous avons donc proposé des solutions et des modes opératoires précis pour atteindre les objectifs fixés par Nantes Métropole.

Le dialogue entre nos différentes entités respectives a été constant durant toute la phase d’extension afin de trouver les meilleurs solutions aux problématiques rencontrées. Le réseau historique mesurait 25km et nous l’avons étendu de 60km. Pour y parvenir, nous nous sommes appuyés sur la connaissance terrain des équipes de Nantes Métropole à laquelle nous avons apporté notre expertise technique tant sur la partie construction de chaufferie biomasse que sur notre capacité à mobiliser des équipes travaux sur la partie extension de réseaux.

Par ailleurs, du point de vue commercial, nos équipes travaillent avec les services de Nantes Métropole  et plus particulièrement avec les « conseillers climat » qui interviennent auprès des copropriétés existantes. L’objectif est d’intégrer leur raccordement au réseau de chaleur urbain dans le cadre d’une rénovation énergétique globale. Enfin, nous collaborons également avec les aménageurs de la collectivité dans la création de projets de ZAC afin de coordonner les futurs travaux avec les autres concessionnaires.

Ce dialogue se limitait-il aux seuls services de Nantes Métropole ?

Ce dialogue s’est principalement déroulé avec notre partenaire mais il s’est élargi auprès des usagers notamment au travers d’une réunion intitulé « La commission des usagers ». Ce rendez-vous annuel mis en place par notre autorité délégante nous a permis de présenter nos projets, les avancées de nos chantiers  et d’engager des discussions avec nos différentes parties prenantes. Par ailleurs, le volet communication a été très important durant ces 4 années de travaux puisqu’un site internet et un numéro vert dédiés ont été mis en place et plus de 100 000 courriers d’information ont été distribués auprès des riverains concernés. Enfin,  dans un souci de transparence et d’information, nous avons participé au groupe de suivi mis en place par Nantes Métropole pour répondre aux interrogations soulevées par la construction de notre nouvelle unité biomasse située au sud de l’agglomération.

Ces échanges permanents avec les nantais ont permis de mieux faire accepter les nombreux travaux mais aussi de faire découvrir ce mode de chauffage collectif parfois méconnu.

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