Assurer la continuité des services d’eau et d’assainissement en temps de crise

Entretien avec Tristan Mathieu, Délégué Général de la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E) …

Entretien avec Tristan Mathieu, Délégué Général de la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E)

Quels ont été les enjeux pour les services d’eau et d’assainissement pendant la crise ?

Les services d’eau et d’assainissement sont des services essentiels, qui nécessitent d’être rendus 7 jours/7 et 24h/24. Ainsi, nos entreprises, qui gèrent les services publics d’eau pour le compte des collectivités locales après mise en concurrence, se sont organisées  pour assurer la continuité de ce service public ; tout au long de la crise, les Français ont eu de l’eau potable au robinet – un impératif pour permettre les gestes barrières et les mesures d’hygiène – et ont pu bénéficier de l’évacuation et du traitement de leurs eaux usées.

Ces eaux usées ont d’ailleurs été au cœur des préoccupations. On sait que nous y retrouvons  des traces du génome du virus. Une attention particulière a ainsi été portée au sujet des boues d’épuration et à la sécurité de nos salariés. L’ANSES a établi deux catégories distinctes de boues : celles qui font l’objet d’un traitement d’hygiénisation permettant l’épandage, et les autres, qui ont été stockées, faute de traitement adapté. Cela a été un point sensible qui aurait pu bloquer le système mais il a été résolu grâce à un dialogue très nourri avec le Ministère de la Transition écologique et solidaire, et en trouvant des solutions alternatives : stockage, transport des boues vers des filières qui permettent l’hygiénisation, et lancement d’un travail de recherche avec des laboratoires publics pour mener une étude sur les conditions qui permettraient de s’assurer de l’innocuité des boues.

Comment les entreprises ont-elles organisé au quotidien la continuité des services d’eau et d’assainissement ? Quels enjeux pour la sortie de crise ?

Les entreprises ont activé des plans de gestion de crise très rapidement. Nous avions plusieurs réunions par semaine au sein de la fédération, des contacts tous les jours avec la Direction de l’eau et de la biodiversité, et nous avons mis en place des cellules de crise au niveau de la fédération et dans les entreprises.

Les entreprises ont organisé des rotations pour disposer de réserves de personnels, en cas de contaminations ou absences, et faire en sorte que les personnels ne se croisent pas. Tous les efforts ont été concentrés sur les services essentiels, à savoir la distribution d’eau potable et l’évacuation des eaux usées. On a reporté tout ce qui n’était pas urgent, certaines missions administratives, les relations avec la clientèle.

Actuellement nous sommes dans une phase de reprise active. Les entreprises de l’eau ne font pas partie des entreprises les plus touchées par la crise économique. Néanmoins, il y a des difficultés évidentes pour nos entreprises dont le taux de rentabilité est relativement faible. Nous faisons face à des baisses de consommation, liées à l’arrêt ou au ralentissement de la consommation des industriels et du tertiaire. En parallèle, nous rencontrons de nouvelles contraintes d’exploitation (sécurisation des approvisionnements, adaptation des procédures, désinfection des équipements, renforcement des protections individuelles, renchérissement des travaux…). Il va maintenant s’agir de nourrir un dialogue sur ces points avec les collectivités locales.

En quoi le modèle des entreprises de l’eau a-t-il permis d’affronter efficacement la crise ?

La gestion de la crise a clairement validé l’organisation et la performance de nos entreprises qui, en raison de leurs activités de gestion déléguée, offrent de nombreuses possibilités de mutualisation dans le domaine des compétences, des moyens techniques, des innovations, des bonnes pratiques.

D’autre part, l’organisation qui concilie digitalisation et présence locale a démontré tout son intérêt dans ce contexte de crise. Nos entreprises ont largement développé ces modes opératoires qui permettent de piloter à distance un certain nombre de données, tout en gardant une présence sur le terrain.

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